Les riches Carthaginois arrivaient en bateaux à Korbous, connue pour ses eaux thermales favorisant la fertilité, ils y passaient des séjours de cure et de relaxation. Un peu plus tard, les Romains, connus pour être de grands bâtisseurs soucieux des détails, avaient conçu des thermes, comme ceux d’Antonin à Carthage, qui outre les bains comportaient des gymnases et des bibliothèques. Vu ce riche héritage dans le secteur de l’hydrothérapie, il n’est donc point étrange que la Tunisie soit devenue avec le temps la deuxième destination de thalassothérapie dans le monde. Et que Djerba ait été nommée en 2014 à l’issue d’un symposium international sur la thalassothérapie, comme la capitale méditerranéenne de cette spécialité, qui allie médecine et bien être. Le succès de la thalassothérapie, ou des soins par l’eau de mer, qui s’est développé dans les hôtels depuis le début des années 90, a entrainé dans son sillage la mise en place de centres de spa, ou des soins par l’eau douce (l’hydrothérapie). La position concurrentielle de la Tunisie dans ce secteur a été rendue possible grâce à la qualité de ses services, le développement de ses infrastructures, l’efficacité de ses cadres médicaux et paramédicaux, sa proximité géographique avec le marché européen, la douceur de son climat et ses prix compétitifs.
Avec sept stations thermales, deux à Korbous, Djebel Ouest, Béni Métir, Kasserine, Gafsa et Djerba et de larges opportunités dans ce domaine, le pays offre aux curistes des eaux souterraines, naturellement pures et dont les qualités thérapeutiques sont reconnues. Du nord au sud de la Tunisie, le territoire est jalonné de lieux où l’eau est reine : plus que nulle part ailleurs l’offre des soins par l’hydrothérapie est riche et variée.
Aujourd’hui, une soixantaine de centres de thalassothérapie et près de 351 Spa, dont 88 basés dans les zones côtières opèrent en Tunisie. Ils sont intégrés pour leur plupart dans des établissements hôteliers, qui fournissent des prestations respectant les standards sanitaires dans un décor et des ambiances répondant aux envies de dépaysement, d’exotisme, de sérénité et de luxe des curistes tunisiens et étrangers : la musique y est douce, les senteurs envoutantes et les lumières invitant à un voyage dans l’univers de la « zénitude ».
Dans un souci de promouvoir l’investissement dans le secteur, l’office a instauré un cadre juridique favorable, à travers l’élaboration d’un cahier des charges fixant les conditions générales d’organisation et d’exploitation des établissements thermaux et des centres de thalassothérapie. Les avantages accordés aux projets de développement régional dans le secteur touristique ont été aussi élargis aux projets thermaux. Les fruits de cette politique n’ont pas tardé, puisque une trentaine de nouveaux projets et intentions d’investissements ont été identifiées après avoir achevé leurs études techniques par l’ONTH.
Ces nouveaux projets, dont certains sont entrés en exploitation ces derniers mois, comme les stations de Gafsa, Korbous ou très prochainement celle de Beni Mtir, rallient les aspects esthétiques et techniques les plus modernes mais aussi environnementaux et écologiques par la mise en place des démarches respectueuses de l’environnement.
L’Office s’est assigné aussi comme objectif de hisser au plus haut niveau la qualité des prestations dans ce secteur. Par ailleurs, il a engagé, un processus de certification des centres de thalassothérapie selon la norme ISO 17680 inspirée de la norme tunisienne 126.05. Si certains centres sont d’ores et déjà certifiés, d’autres ont exprimé la volonté de s’engager dans ce processus, a affirmé la chargée de la direction de l’Office National du Thermalisme et de l’Hydrothérapie par intérim Mme Guizani. Le grand essor de l’activité de l’hydrothérapie a favorisé l’évolution d’une autre filière, qui connait un certain boom depuis une dizaine d’années, celle des huiles essentielles du terroir tunisien fabriquées à base des senteurs de nos jardins, prairies et vergers : la fleur d’oranger, le jasmin, la lavande, la menthe, la verveine, les pépins de figues de barbarie, l’eucalyptus…Ces produits sont introduits dans les soins et massages, qui prennent ainsi une dimension traditionnelle très appréciée par une clientèle occidentale, venue chez nous pour combattre le stress et la fatigue de la vie moderne, ces maux du siècle. Tout est fait en Tunisie pour rendre le plaisir des sens et la sérénité de l’âme possibles par l’apport de l’hydrothérapie.
Texte : Olfa Belhassine