Une maison est faite de pierre et de béton, de fer et de bois, de chaux et de terres cuites. Mais c’est aussi une atmosphère, une cohérence, un art de vivre et de recevoir. Dans cette demeure entre ciel et mer, toute de blancheur et de lumière, Hajer Azzouz a su créer une harmonie épurée, un équilibre magique de simplicité et de sophistication. Alternant matériaux naturels et objets anciens, mélangeant subtilement la fibre du lin et la délicate broderie, le tressage de l’alfa et la mosaïque de nacre, le cuivre fruste et le verre de Murano, elle compose un décor tout de raffinement et d’élégance. Ici, dans cette demeure suspendue, face à un décor sublime, il fallait savoir s’intégrer à l’environnement, ne pas avoir la prétention de le concurrencer, et se mettre au diapason de sa magnificence. Hajer Azzouz y a magnifiquement réussi.
C’est une maison faite pour les fêtes, les veillées estivales au clair de lune, les soirées hivernales devant un feu de bois, les matinées éclaboussées de soleil et les crépuscules toujours glorieux sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd.
Nous sommes chez Afef Jenifen, mannequin célèbre, star de la télévision italienne, tunisienne du sud avec ce que cela implique de fidélité au pays, d’ancrage au terroir, et d’amour pour sa terre nourricière. Bien que sillonnant le monde, cette vedette des podiums a toujours gardé sa proximité avec sa Tunisie natale. Elle en porte haut et fort les couleurs, participe à sa promotion quand elle le peut, y reçoit les bonnes personnes susceptibles d’en augmenter l’attractivité.
Cette maison a une couleur : la blancheur immaculée est le parti pris choisi, car dans le décor somptueux qui l’encadre, il est difficile de rivaliser. Murs blancs, sols en béton ciré immaculé, rideaux de lin ajourés, meubles de nacre, cuivre rétamés, bois blanchis, tout est conçu pour attirer le regard sans le retenir, pour séduire en subtilité, sans distraire. Car la vedette incontestable des lieux, outre la maîtresse de maison bien sûr, est incontestablement la vue offerte. Une vue sans limites, différente à chaque niveau, ourlée de verdure, perdue à plein ciel, sur laquelle s’ouvrent toutes les fenêtres, toutes les terrasses, tous les plans d’eau de la demeure.
On peut choisir de découvrir cette maison par le rez-de-jardin, un terme bien modeste en fait pour évoquer le parc paysagé qui l’adjoint. Ou par le haut du village, quelques quatre niveaux plus haut.
Nous avons choisi l’éblouissement immédiat, plutôt que la lente ascèse.
On entre par une de ces portes que la plupart des maisons du village ont en commun. C’est ce niveau qu’a choisi Afef Jenifen pour y installer sa chambre : une vaste suite au délicat éclairage opalescent, aux rideaux fluides et aériens, et la surprise d’une salle de bain en tadlakt bleu turquoise. Toutes les salles de bain de la maison ont d’ailleurs adopté cette tonalité de ciel d’été.
Et puis, au rythme d’un escalier lui aussi de béton ciré, qui articule la maison, on accède à une ravissante salle de séjour, ouverte sur une piscine ovoïde suspendue, puis à une succession de suites, unifiées par un même parti pris de décoration, un éclairage subtil de cercles lumineux, l’éclat adouci de miroirs de nacres, celui, plus mat, des cuivres polis, la fraîcheur des tissus diaphanes, une atmosphère de sérénité.
Un niveau plus bas, mais nous n’en sommes plus à compter les niveaux dans cette maison toute en strates, se déploie un superbe espace de réception autour d’une cheminée dont on parie qu’elle fut dessinée par Jellal Ben Abdallah, proche voisin, et ami du premier propriétaire des lieux. Et puis, plus bas encore, de plain-pied sur un vaste jardin, et une seconde piscine, deux appartements totalement indépendants, à l’accès privatisé.
Le miracle de cette maison blanche est l’extraordinaire sérénité qui y règne, l’harmonie et l’équilibre des espaces, la lumière exaltée par l’uniformité de couleur, et l’élégance dans la simplicité sophistiquée des choix de matériaux, de meubles, d’objets.
On croit savoir que Afef Jnifen aurait décidé de partager ce coin de paradis sur les hauteurs de la colline sacrée, en permettant, à certains moments, de privatiser cette demeure pour une fête, une célébration, ou un séjour entre amis.
Texte : Alya Hamza – Stylisme et décoration : Hajer Azzouz – Photographie : Rock Raven
Article paru dans iddéco n°38 – Janvier 2019