Ils sont designers, décorateurs, architectes, directeurs artistiques, ensembliers… Ils ont un talent en commun, créer une atmosphère, développer une ambiance. On reconnaît leur touche que ce soit dans un objet, un meuble, une décoration florale ou la mise en place d’un buffet. Ils ont un je ne sais quoi qui les distingue, les personnalise, et les rend à nul autre pareil. Cela s’appelle le style.
Hella & Thomas de Flaÿou
La rousseur pétillante de Hella El Khiari a fait la renommée de Flaÿou et de son compte instagram. Mais elle n’est pas seule dans l’aventure Flaÿou ; avec elle, son partenaire dans la vie et dans le travail, Thomas Egoumenides. Ils sont tous les deux architectes et se sont rencontrés à l’école d’architecture de La Villette où tous les deux faisaient leurs études.
Depuis, leurs chemins ne se sont jamais plus séparés. Ensemble ils sont partis au Canada suivre des études de design global. Ils voulaient explorer tous les aspects de la création, de l’architecture au design. Et ils ont trouvé là-bas ce qu’ils aiment, la dimension participative du design, créer avec les autres.
Mais l’appel de la chaleur de la méditerranée est plus fort et Hella n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre Thomas de venir s’installer à Tunis. Qui est le plus tunisien des deux ?
Ici, après une petite expérience dans une agence de communication et un bureau d’architecture d’intérieur, ils choisissent la liberté et ouvrent Flaÿou, leur « Atelier de Design Joÿeux » comme ils l’ont si malicieusement et affectueusement nommé.
Cette liberté de créer leur propre collection sans autre avis ou jugement qui viendrait altérer leur envie, c’est leur crédo et leur but. Concevoir des objets qui ont un sens, qui renvoient à des souvenirs ou des anecdotes comme leur nouveau miroir Fan qui a la forme iconique des petits éventails en paille tunisiens. Cette envie créatrice ne doit pour eux n’avoir qu’une contrainte, celle de s’adapter et de s’inspirer de son lieu. Les seuls matériaux utilisés sont ceux qu’on trouve à Tunis, un défi parfois, mais qui crée une carte aux trésors des produits ludique. S’inspirer, revisiter, retravailler le concept mais surtout ne pas tomber dans le kitch, comme pour leur Chich-bich en poterie de Sejnane, ils ont choisi le matériau et ont revisité l’usage pour en sortir un jeu de société, leur plus grand bestseller à ce jour.
Ne pas suivre la tendance, réinventer les codes, on retrouve leur esprit créatif dans leur intérieur. Ne leur parlez pas de décoration, pour eux une maison ça doit être le reflet de la vie, une joyeuse accumulation d’objets au fil du temps. Il ne faut pas chercher à tout assortir mais plutôt garder les objets avec lesquels on a une histoire nous précise Hella : « je ne suis pas matérialiste, j’ai une relation un peu affective avec les objets, j’aime quand on leur donne un côté sympathique ». Quand on leur demande comment ils ont imaginé l’espace dans lequel ils vivent, ils nous disent que pour eux rien n’a été calculé. Ils ont ramené leurs objets, les ont posé, ont encadré trois affiches chinées à Montréal qui leur rappellent de beaux souvenirs. Et c’est là l’essentiel, que la maison reflète la vie de ses occupants. La décoration d’une maison ne se crée pas pour une audience, mais pour les personnes qui y vivent. Alors leur conseil ça serait d’être cohérent avec sa propre vie et lier les choix à son propre usage de l’espace. En somme être soi-même.
Texte : Emna Touiti – photos : Vincenzo Mangani
Article paru dans iddéco n°38 – Janvier 2019