L’exposition « 3k900 » explore la dualité entre le poids physique des œuvres et la lourdeur émotionnelle qu’elles véhiculent. À travers des dessins qui incarnent des personnages marginalisés et introspectifs, l’artiste Ymen Berhouma plonge dans un univers mélodramatique où chaque œuvre devient une scène de lutte intérieure. Ces figures, d’abord imaginaires, prennent vie pour incarner des archétypes modernes, témoignant des tensions entre solitude, transformation et quête d’identité dans un monde en perpétuelle mutation.
L’exposition « 3k900 » met en scène un dialogue entre le poids tangible des œuvres et la lourdeur émotionnelle qui les habite. Le choix du titre, évoquant une masse physique, suggère d’emblée une matérialisation de la charge mentale et spirituelle que porte l’artiste. Ce poids symbolique, lié à la solitude inhérente au processus créatif, confère à l’exposition un caractère profondément mélodramatique. Dans cet univers instable, chaque dessin devient alors une scène où se joue un drame intérieur.
Les personnages, que je décrirais comme marginalisés, maudits, outsiders (concurrents dont les chances de remporter une compétition sont réduites, mais non négligeables), sont pris dans une lutte non seulement contre les forces extérieures, mais aussi contre eux-mêmes.
La première partie de l’exposition, composée des douze dessins du même format, est l’ossature essentielle de ce travail. L’idée que seuls le premier et le dernier dessin suivent un ordre chronologique renforce la notion d’un voyage chaotique et incertain.
Pendant que je créais ces œuvres, certaines figures ont commencé à prendre une importance inattendue. Au fil des jours et des mois, elles se sont détachées du simple statut de dessin pour devenir bien plus que des œuvres sur papier. « Mot-Dessin » racontant une histoire, véhiculant une émotion. Leur langage visuel est devenu un code. D’abord nées de mon imagination, elles ont trouvé une existence propre, devenant témoins de quelque chose de plus grand. Ainsi, un lien s’établit entre l’individuel et le collectif, le personnel et le mythique. Dans un monde où les repères semblent flous, ces figures incarnent des archétypes modernes, explorant des thèmes actuels tels que la solitude, la marginalité et la transformation, témoins de luttes intérieures et de réalités complexes.
Ymen Berhouma Née à Tunis en 1976, où elle vit et travaille. A l'âge de vingt ans, elle passe une dizaine d'années en Europe (Allemagne, Espagne, France) puis revient à Tunis et entame des études de stylisme. C'est là qu'elle aborde le dessin. Elle commence ensuite à peindre et expose en 2005 une série sur la maternité. Son travail, étroitement lié à sa vie, interroge la place des femmes-mères dans une société stéréotypée qui laisse peu de place à l'altérité. La marge, la solitude, la désintégration sont ses thèmes privilégiés traités à l'acrylique, et dans des formats assez grands, ils dégagent l'impression d'un gouffre humain, d'un monde de l'intérieur auquel on ne peut rester insensible. D'une grande force expressive, ses tableaux vous saisissent par la désintégration des formes et la mélancolie qu'incarnent ses personnages. Ses références, différentes d'une série à l'autre, la distinguent des autres artistes. Elle emprunte tantôt au registre du classicisme, tantôt à un style moins conventionnel. Celui d'une accumulation de scènes, une forme de carte mentale imprimant le réseau de ses pensées. Son travail actuel met l'enfant au centre et interroge la possibilité de réanimation après un traumatisme de la petite enfance, dans un monde de plus en plus impitoyable. Son travail fait partie de la collection du Ministère de la Culture en Tunisie et en France (DRAC) et de plusieurs collections privées.