Berliner Mauer est une série de photos, un simple témoignage visuel basé sur quelques débris du mur de Berlin. Comme une anamnèse, un récit post-traumatique se dessine sur des blocs de béton froid et sans vie.
Des barres d’armature pointent, menaçantes, avec des tiges de fer ; comme une cage thoracique éclatée ou des ossements déchiquetés jaillissant depuis le mur.
Des fissures qui surgissent du néant, longuement érodées par les ravages du temps et le poids de l’histoire. Bien visibles, des stigmates de projectiles comme des cicatrices gravées dans la chair, témoins silencieux d’un passé en résonance.
Pourquoi l’œil de cet écrivain-photographe s’est-il attardé sur un laps d’éternité, un moment qui s’est figé dans le temps ? L’intérêt de la photographie n’est-il pas de capter l’éphémère ?
Pourtant, nous voici face à un éphémère saisi dans son immobilité, une durée statique voire inanimée, une fracture gravée dans le béton, une empreinte qui hante les âmes tant par la force de son impact que son ancrage dans notre mémoire collective.
Progressivement se tisse le récit d’un flâneur sous le ciel de Berlin. Der Himmel über Berlin, dites-vous ? Et si le narrateur-poéte incarnait Damiel ou Cassiel ?
Et si ses monologues intérieurs étaient une invitation à une contemplation poétique de nous-mêmes ? Et si ses fragments photographiques étaient la preuve que la complexité et ses méandres infinis requièrent un dépassement ?
En sertisseur de palimpsestes, Hatem Bourial arpente les sillons de vestiges communs pour nous aider à en revisiter les traces, les observer et les réinventer.