La cité est discrète, bien peignée, silencieuse et respectueuse. On y vit en bonne intelligence, dans un voisinage convivial et bien compris. Les habitants ont leur quant à soi, et un sens d’appartenance à une communauté de bon aloi. Hajer Azzouz y a élu domicile après un long parcours de grandes villas, de demeures amples et vastes, de jardins et de terrasses à assumer et à entretenir. Le duplex qu’elle occupe a la dimension d’un appartement parisien et elle s’y sent « comme à l’étranger ».

Une réception aux proportions élégantes et suffisantes, deux chambres à coucher à l’étage, et une cuisine qui est le cœur de la maison. Prenant la succession d’un esthète collectionneur, qui avait donné à cet appartement un air proustien, elle souhaitait élaguer, épurer, tout en réunissant autour d’elle tableaux et objets qui ont toujours accompagné cette décoratrice au goût sûr et précis. Choisissant le rez de jardin pour logement, elle consacra l’étage à l’installation de ses bureaux, se contentant ainsi de changer de palier pour aller travailler, quand elle n’invite pas ses collaborateurs dans sa cuisine. Dans son espace à vivre, elle refait la cuisine, les sanitaires et les sols, optant pour la modernité du béton ciré, les boiseries claires et les lambris blancs.

C’est par la cuisine que tout commence. Passionnée de cuisine thaï et de pâtisserie, Hajer Azzouz y passe beaucoup de temps. On y discute autour d’un café, on y picore, à toute heure, raisins secs, chocolats ou gingembre confit, on s’y plonge dans la collection de livres de recettes qu’elle a réunis en une bibliothèque émaillée de pots de bonbons à l’ancienne et de boîtes à thé, en un mot, on y découvre la vérité de la maison.
Le living room offre un joli ensemble de la scène des arts plastiques actuels : un œil averti a réuni les meilleurs talents contemporains, en une harmonieuse cohabitation. On a su y glisser quelques sculptures africaines, des peintres égyptiens, tout cela dans une joyeuse liberté. Car ses tableaux sont voyageurs, rarement accrochés, posés au gré de ses envies, des diners ou des réunions qu’elle organise, participant à la vie de la maison sachant faire place quand il le faut, ou jouer les vedettes quand la mise en scène le demande. C’est une demeure vivante, aux décors souvent changeants, selon la pièce qu’on y joue, dans le registre du travail celui de la fête, ou de la vie familiale, où les accessoires, éclairages, rideaux, jetés de canapé jouent un rôle important. Où la cuisine est le centre névralgique, où le dressing joue les coulisses, et où la scénographie est une histoire chaque fois recommencée.
Texte : Alya Hamza– Photos : Samia Chagour
Article paru dans iddéco n°22 – Septembre 2014
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