L’atmosphère est masculine, sobre, élégante et raffinée dans l’appartement de cet homme de goût et de culture, perché non loin du Parc du Belvédère à Tunis. L’agencement intérieur est signé par la designer Hajer Azouz.
On y entre par un sas qui n’est qu’une transition et en aucun cas une protection car la double porte vitrée ne ferme pas. Le ton est donné : marbres de couleurs terre de Sienne, sable, brique, rouille, s’harmonisant avec bonheur avec les boiseries. Calepinages étudiés, d’une discrète géométrie. Miroirs et transparence qui optimisent l’espace. Et puis des accumulations, des compositions, des jeux de volumes, de hauteurs, de camaïeux dans ces vases, ces jarres, ces pots de céramique qui plantent le décor du premier accès à la demeure, éclairé par une large baie vitrée.
L’appartement est largement ouvert par un mur de transparence sur un jardin arboré, une piscine, et au-delà, de la verdure à perte de vue. Nous sommes proches, à vol d’oiseau, du parc du Belvédère, et les paons du zoo se perdent quelques fois de ce côté.
Une belle réception, et deux chambres à coucher structurent l’espace. L’architecte, Feu Omar Bouderba, a réussi la gageure de tout aligner en façade sur le jardin, y compris la cuisine où l’on est tenté de s’installer et même de s’incruster pour un café.
Deux canapés profonds, invitent à prendre ses aises, l’un en cuir blanc, que réchauffe un plaid, l’autre gris relevé de coussins de couleurs. Une fois installé, on peut être attentifs aux détails, et ils sont nombreux à retenir l’attention. De nombreux miroirs, vénitiens pour la plupart, diffractent la lumière, se reflètent, se répondent, dans un éclat de sourde préciosité. Des appliques, des torchères, baroques ou Art Déco promettent des éclairages étudiés. Les bois sombres, cirés, contribuent à créer une atmosphère accueillante. L’accrochage des collections de tableaux dont le maître céans est passionné, est une réussite. On y retrouve, dans un joyeux éclectisme, les dessins subtils de Othman Taleb, les photos de Faten Gadès, les fantaisies de Héla Lamine, ou encore les cuivres ciselés et calligraphiés d’une sinya ancienne. Cet appartement réussit un équilibre étonnant entre l’ancien et le moderne, le confortable et le raffiné, la simplicité et le sophistiqué. Rien n’est laissé au hasard, et si on s’immerge aisément dans cette atmosphère, c’est qu’elle a soigneusement et méticuleusement été orchestrée par le talent de créateur d’ambiance de Hajer Azzouz.
Dans les chambres, on retrouve cette apparente simplicité, créée par la maîtrise des détails, la douceur d’un éclairage, l’harmonie de tons, l’ampleur de l’espace qu’offre un dressing tout de miroirs gainé. Cette couleur mentale qui baigne l’appartement se retrouve dans les salles de bain où le marbre alterne avec la pâte de verre cuivrée, et les verres sablés.
Les maisons recèlent souvent des mystères. Qui saurait dire pourquoi certaines vous semblent plus accueillantes que d’autres ? Une histoire de « atba », ou seuil, dirait la sagesse populaire. Cet appartement a une bien jolie « atba ».
Alya HAMZA – © Photos Vincenzo MAGNANI
Article paru dans iddéco n°43 – Avril 2020
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