Ils sont nés dans les années 80, leurs œuvres gravitent autour du monde, la contemporanéité de leurs projets résonne bien avec les temps présents. Quatre artistes tunisiens à découvrir.
Slimen Elkamel
La poétique du récit pictural



Avec à son actif des participations internationales multiples notamment à la Contemporary African Art Fair à New York, à Marrakech, à Londres, à la Biennale de Dakar, une exposition personnelle à Londres au Sulger Buel gallery, Slimen Elkamel compte investir l’institut du monde arabe début 2022 avec sa première exposition muséale sur le thème de l’amour.
Ce jeune bohème de 38 ans, calme et discret est l’une des figures vénérées de la scène artistique tunisienne et internationale. Ses œuvres conjuguent l’épure et le sophistiqué. Ponctuées de références « Bachelardiennes » visant à mettre en éveil les sens de l’observateur, l’artiste dédie son art à l’imaginaire poétique.
Il manie avec ingéniosité la narration plastique et invite la nature, les humains et les animaux à jouer un rôle dans ses récits picturaux. Dans son processus créatif, il part souvent d’un texte, de quelques lignes qu’il prend le temps de composer avant de les transformer en touches et couleurs. Il déverse sur ses toiles toutes les histoires qui l’habitent.
Un artiste ‘engagé’ à changer le monde avec douceur.
Aïcha Snoussi
Une archéologie de l’inconscient




Née en 1989 à Tunis, lauréate du Prix SAM pour l’art contemporain 2020 pour son projet « Underwater تحت الماء », Aicha Snoussi intrigue et fascine la scène artistique internationale.
Ses œuvres ont été acquises par de grands collectionneurs comme la Fondation Blachère (France), Alain Servais Collection (France), Anibal Jozami Collection (Argentine), Kamel Lazaar Foundation (Tunisie) et Luciano Benetton Collection (Italy). Aux antipodes du conformisme, l’artiste traite la notion de genre avec beaucoup de subtilité. Avec ses traits à l’encre noire et la dextérité d’une archéologue subaquatique, elle entame sa fouille dans les profondeurs d’une intimité insoupçonnée, mettant à nu tous les tabous. Des objets libidinaux côtoyant des cyborgs asexués s’invaginent volontairement sur des rouleaux manuscrits créant ainsi de véritables hétérotopies qui inversent les rapports avec le monde réel, le décomposent et le démantèlent.
Une optique ouvertement provocatrice qui échappe aux carcans de la société.
Thameur Mejri
La voix de la subversion



Sollicitées en Tunisie comme à l’étranger, les œuvres de Thameur Mejri sillonnent le monde en toute quiétude. Londres, Dubai, Los Angeles, Porto, Dakar… Les expositions se succèdent et les succès s’enchaînent.
Ce jeune artiste de 39 ans est révolté et il tient à le faire savoir. Avec ses compositions mêlant des figures innocentes à des symboles violents, il créé un univers chaotique dans lequel le pouvoir est mis sur la sellette. Chaque tableau est un éclatement en soi, une déflagration des conventions esthétiques et sociales rythmée par des couleurs intenses, des objets anodins ou des morceaux humains. Thameur décortique l’anatomie de l’homo sapiens avec une précision chirurgicale : un ralliement de crânes cernés par des marteaux, des bras et des jambes gesticulant arbitrairement, un corps flottant disséqué… Une scénographie «Lynchienne » inquiétante et dérangeante de véracité.
En s’affranchissant des dogmes, notre artiste invente sa propre écriture esthétique et marque sa rébellion. Il sera au printemps 2022 au Musée d’art contemporain de Lyon pour une exposition personnelle. Un rendez-vous à ne pas rater.
Nidhal Chamekh
Vers une esthétique fragmentaire




Né en 1985 à Dahmani, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis et de l’Université de la Sorbonne à Paris, Nidhal Chamekh compte plus d’une cinquantaine d’expositions individuelles et collectives dans les quatre coins du monde.
Cet artiste polymorphe surprend à chacune de ses expositions. Hanté par le caractère ineffable de la réalité, il esquisse avec une rigueur esthétique des fragments d’images enchevêtrées dans une tentative de capturer une mémoire qui lui échappe. Les associations d’images se multiplient dans un montage cinématographique complexe. Des ‘flashs’ chargés de mémoire font écho au bouillonnement des sujets sociétaux et politiques. Comme des puzzles inachevés, les œuvres de Nidhal Chamekh gardent leurs mystères tout en se dévoilant silencieusement.
Texte : Amira zili
© Portrait avec l’aimable autorisation de l’artiste
© Œuvres : avec l’aimable autorisation de la galerie Selma Feriani et de l’artiste
Article paru dans iddéco n°46 – Juin 2021
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