Un lieu improbable au bord d’une mer triste. Au fond d’une allée envahie par les herbes sauvages et les constructions agressives, un vieux palais n’en finit pas de mourir. Et pourtant. Pour qui saurait tendre l’oreille et les écouter, ses murs scarifiés par le temps et le désamour se souviennent. Ici, des rois ont commandé, des reines ont intrigué, des princesses ont dansé. Sur la terrasse ouverte sur l’horizon, des bateaux ont probablement rendu l’hommage de 40 coups de canons, des bataillons ont peut-être fait allégeance, et des messagers zélés ont pu transmettre des messages de guerre et de paix.









Un fantôme roux hante ces murs. Arcbouté à ces vestiges du passé, de son passé, Omar Bey n’a pas oublié son royaume, mais a choisi d’en changer. Point n’est dans sa nature, ni d’ailleurs en son pouvoir, de vouloir préserver ou restaurer. Lui a su entendre les murmures des temps passés sans les laisser empiéter sur son langage contemporain. Et dans ce vieux palais évanescent où il a installé son atelier, il répète son mantra : « J’aurais voulu être un artiste ».
Et l’on se demande : « Mais qu’est-il d’autre ? »
Là, dans ces grandes pièces, sous ces plafonds vertigineux, il peint, grave, sculpte, dans l’ordre ou le désordre, avec des allers retours d’une technique à l’autre. Il travaille la pierre, le fer, la brique, le béton, tâcheron infatigable, découpant d’étonnants Sumo qui pourraient lui ressembler, des animaux étrange dont l’ombre portée est plus réelle que l’objet, des oiseaux fabuleux et aériens….
L’idée est première, elle entraine le geste, et concrétise le matériau.
Tout ceci dans une joyeuse démesure.
Alors bien sûr, il y a des moments de doute chez ce Sumo en posture de combat, des remises en question de la pratique artistique, mais l’essentiel n’est-il pas que lui a su trouver l’équilibre revendiqué par le roi fou qui est une autre de ses icônes, l’émotion et la liberté qui sont le moteur de son art ?
S’il en avait le pouvoir, le vieux palais de ses ancêtres applaudirait.
Texte : Alya Hamza
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