En vingt photos en noir et blanc, Ons Abid revient sur le quotidien et l’histoire magnifique des “Femmes de Tunisie”.
L’exposition d’Ons Abid intitulée “Femmes Tunisiennes” représente probablement le clou de la semaine tunisienne de Stuttgart en Allemagne, qui s’est ouverte à la Mairie de la ville le 14 Janvier dernier. L’événement est organisé par l’Association des Tunisiens de Stuttgart. Ons Abid n’est pas à sa première exposition à l’étranger. L’année passée, à l’occasion du 8 Mars, elle avait été invitée à l’Unesco à Paris pour présenter une partie de son travail sur les femmes de Tunisie. Cette fois-ci, l’artiste également photojournaliste, la trentaine heureuse et bien entamée, expose en tout vingt de ses images en noir et blanc. Des images captées avant et après la Révolution célébrant les femmes tunisiennes dans leur diversité mais aussi dans leur force et détermination à continuer à tracer le cheminement de leur pays malgré parfois l’inégalité des chances face aux hommes.
Le noir et blanc pour arrêter le temps
De la photo publicitaire, à l’image d’art et à l’actualité, Ons Abid porte une créativité multiple. Elle fait aujourd’hui partie des rares femmes qui vivent essentiellement du photo journalisme en Tunisie, un domaine difficile, où la concurrence est rude. Dès 2007, la jeune diplômée de l´Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis, commence à se consacrer exclusivement à la photographie et entame sa collaboration avec le Groupe parisien Jeune Afrique et AM, puis coopère en 2011 grâce à l’avènement de la Révolution avec plusieurs médias internationaux comme AP London, Getty image NY, Der Spiegel, Paris Match, Marianne, Financial Times, The Guardian…
En 2008, sa résidence à l´École Nationale de la Photographie d’Arles lui permet d’assister de grands photographes de renom comme Peter Lindbergh.
Sa renommée internationale débute en 2009 quand elle est sélectionnée par le World Press Photo à Amsterdam parmi quinze photographes du monde arabe pour prendre part au « Mena photojournalism program ».
La photographe au physique d’actrice hollywoodienne est animée par une grande dose de perfectionnisme et un regard juste, tendre et vrai sur les hommes et les femmes, dont elle aime avant tout tirer les portraits et raconter les histoires. C’est en fait ce qui a retenu l’attention et l’intérêt du public, particulièrement tunisien, venu assez nombreux découvrir les travaux de la photographe en Allemagne. Elle y narre le quotidien de femmes politiques, d’une femme pêcheuse de Kerkennah, d’une agricultrice de Sidi Bouzid, d’une juive djerbienne, d’une championne escrimeuse.
La Tunisie constamment en mouvement
Ons Abid commente ainsi une de ses œuvres, la photo d’une dame en marche qu’elle avait prise à partir d’un bus : « A l’image de cette femme, la Tunisie est constamment en mouvement ; sans cesse elle change et évolue ». Défilent à travers ses œuvres, des mannequins à demi dénudés habillés par une dame voilée, une femme niqabée brandissant son passeport vert à l’aéroport, une petite fille les yeux illuminés par la lueur de bougies pendant les veillées de ces jours de Révolution…L’inédit, l’étrange, l’insolite et le poétique surgissent aussi des jours ordinaires de cette Tunisie nouvelle, en perpétuelle recherche d’un autre équilibre en harmonie avec les bouleversements sociopolitiques des temps post 14 Janvier. « J’aime raconter l’Histoire de la Tunisie à travers les femmes. Le noir et blanc me permet d’arrêter le temps et de ressusciter l’intemporalité de ce combat des femmes, celui des agricultrices ou des femmes politiques par exemple, pour arracher leur place entière dans ce pays », explique la photographe.
En attendant que les “Femmes Tunisiennes” d’Ons Abid atterrissent en Tunisie, l’exposition poursuit son voyage à travers l’Allemagne.
Texte : Olfa Belhassine
Article paru dans iddéco n°39 – avril 2019
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