Elles se la jouent en binôme : Gypset la folle et Naksha la sage, l’une s’envolant sur les couleurs, les fantaisies, les insolences, l’autre revenant aux références, aux minuties, aux talents maîtrisés. Rarement semblable compagnonnage aura été aussi complémentaire.
Hanen el Euch est arrivée au monde de la mode par passion, une passion qu’elle partage avec de nombreux followers adeptes de son blog plein d’humour, de grâce et d’imagination. Au rythme de sa fantaisie du jour, elle les entraîne dans les plus beaux lieux du monde, assortissant ses interprétations aux décors qui l’environnent, portant toujours avec panache ses créations. Les jupes de patineuses déclinées en chèche palestinien, c’est elle. Les robes tuniques en tissage pourpre de Hammam Sousse rebrodées de laines de couleurs, c’est elle encore. Les jebbahs aux motifs de Mondrian, c’est elle toujours. Les caracos de soldats de la garde impériale aux soutaches et galons traditionnels, ce ne pouvait être personne d’autre bien sûr. De Tulum à Beyrouth, de Milan à Dubaï, de Sidi Bou Saïd à Tozeur, elle imprime sa marque.
Latifa Hizem, Naksha, son alter ego, est elle aussi, arrivée à la mode par des chemins détournés. C’est à l’issue d’un road movie à travers le pays qu’elle est tombée dedans. Rencontrant ces femmes anonymes qui transmettaient de génération en génération un savoir-faire immémorial, elle a souhaité se faire le réceptacle et l’interprète de ce patrimoine. Sachant en tirer le meilleur, dépoussiérant les codes, y insérant un souffle contemporain, elle crée une ligne racée de belle modernité. Son goût pour les matières naturelles, son instinct des justes proportions, son sens du bel ouvrage lui ont permis de créer une mode qui se détache des errances folklorisantes au goût du jour.
La rencontre de Gypset et de Naksha aurait pu sembler contre nature. Si l’une joue dans le registre du jetset et du peace and love, l’autre explore celui de la nostalgie et des racines. Si Naksha aime à raconter une histoire, Gypset préfère la mettre en scène. Quand Gypset flamboie de couleurs, vibre de soies et de dentelles, brille de sequins, Naksha se fond dans de subtils camaïeux d’ocres et de terres brûlées, allie le lin au coton, décline de sobres tuniques de folle élégance.
Et pourtant, l’alliage réussit, les collections se métissent joyeusement, se complètent avec bonheur. Il suffit de voir le succès que remportent nos deux complices partout où elles sévissent de concert. Tant et si bien qu’il devient difficile d’imaginer l’une sans l’autre, et que l’on se demande bien pourquoi on voudrait le faire.
Texte : Alya HAMZA
Article paru dans iddéco n°39 – Avril 2019
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