Elles sont jeunes, il est vrai, mais aux âmes bien nées…..
Vous connaissez la suite bien sur. Chez ces deux jeunes créatrices que nous souhaitons vous présenter, le talent a été chevillé au corps très jeune. Enfants prodiges, elles savaient toutes les deux, très jeunes, ce qu’elles voulaient faire. Et si elles ont suivi des voies différentes, des formations différentes, c’était pour arriver au même résultat.
Fatma Ben SoltaneSOLTANA au joli nom de marque, elle s’appelle en réalité Fatma Ben Soltane, a commencé très tôt à « customiser » comme on dirait aujourd’hui, ses robes de petite fille sage, et ses ballerines vernies, en y ajoutant rubans, perles et cabochons. Très proche d’une grand-mère magicienne qui créait ses bijoux, inventait des écharpes, et dessinait ses caftans, elle voulut très vite l’imiter et l’étonner. Mais il fallait d’abord faire des études « sérieuses » selon les critères d’un père architecte, et d’une mère pharmacienne. Qu’à cela ne tienne : douée en tout, Fatma Ben Soltane suivit de brillantes études en marketing aux USA, rentra diplôme en poche se former dans une grande maison de cosmétique, se maria et fit un bébé, puis se jeta à l’eau. Timidement d’abord, en dessinant ses propres robes, et celles de ses amies curieuses de savoir où elle s’habillait. Puis, prenant de l’assurance, présenta une première collection à la Fashion Week avant de se lancer seule en organisant un superbe défilé qui séduisit un large public d’élégantes pourtant exigeantes. A partir de là, les choses s’emballèrent. Un de ses modèles, photographié sur son site, séduisit une it-girl à Dubaï. Celle-ci le porta dans une émission de télévision. Et Fatma Ben Soltane fut invitée à présenter sa collection au cours de Fashion Forward, l’évènement le plus couru de la planète mode des émirats. Son côté rock and roll, ses alliages audacieux, ses broderies florentines sur de sombres velours étonnèrent et emballèrent un public qu’on aurait pu croire blasé. Aussi, de retour à Tunis, Fatma Ben Soltane n’avait plus aucun prétexte pour ne pas ouvrir son atelier/showroom, et offrir une adresse à ses afficiendos.
Anissa Meddeb, elle aussi commença très tôt. A huit ans, elle habillait ses poupées, et déclarait, péremptoire, qu’elle « ferait de la mode ou rien ». Elle « fit » donc de la mode. Les meilleures écoles de stylisme, à Paris, puis à Londres. Les stages les plus prestigieux dans les maisons de couture les plus pointues, celles qui donnent le ton et l’air du temps. Elle découvrit que la mode n’est plus simple histoire de fil et d’aiguille, qu’elle se travaille au laser, se construit en 3 D, se taille comme du métal, et utilise des matériaux que l’on n’aurait jamais imaginés. Elle se forgea peu à peu une vision moderne de cet art qui est le plus ancien du monde, et dessina son propre chemin de créatrice : un chemin identitaire qui décide d’assimiler des références internationales, et s’inspire de costumes de différentes civilisations comme le kimono japonais. Mais un chemin qui plonge ses racines dans son patrimoine génétique, et fait tisser ses lins et ses soies dans les ateliers des artisans de la médina.
Anissa MeddebUne collection capsule réalisée pour Musk and Amber permit au public tunisien de la découvrir. Un public quelque peu étonné de prime abord par la vision futuriste de cette toute jeune fille, délicat tanagra qui cache un véritable concentré de talent. Mais très vite conscient que ces vêtements déstructurés, asymétriques, superposables et interchangeables à l’envie, jouant sur les camaïeux de tons, et les harmonies de couleurs annonçaient la mode du futur, et que nous avions de la chance de la découvrir aujourd’hui.
Texte : Alya Hamza
Article paru dans iddéco n°29 – Août 2016
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