À travers son exposition Terre spirituelle, Sami Ben Ameur propose une expérience plastique profonde qui dépasse les limites de la présentation artistique traditionnelle pour se transformer en un voyage méditatif autour de la mémoire, de l’humain et de la terre. Ses œuvres ne sont pas de simples toiles, mais des espaces intérieurs, des lieux de silence et de questionnement.
Le thème de la terre n’est pas nouveau dans son parcours : déjà en 2007 avec La Terre vénérée, puis avec La Terre originelle… l’artiste a offert des approches plastiques qui nous introduisent dans un univers spirituel révélant les mystères de cette planète.
Dans Terre spirituelle, les œuvres – pour la plupart de grands formats – s’élèvent telles des terres vierges, construites par strates colorées, effacements et superpositions, entre transparence et mystère. On y retrouve des symboles et signes issus de civilisations et de religions diverses à travers le temps : la spirale, la main de Fatma, Tanit, le cœur, le yin et le yang… Autant de formes qui traduisent le mouvement de la vie et sa continuité, en résonance avec les valeurs fondatrices de l’humanité. Chaque toile se présente comme une empreinte intérieure cherchant à se matérialiser, un appel des profondeurs vers un sens plus vaste. L’artiste a d’ailleurs pris soin dans les cartels des œuvres, d’expliquer au public la symbolique de chacun de ces signes, montrant comment leur interprétation plastique a façonné un univers artistique singulier, porteur de dimensions humaines essentielles.
Sur le plan esthétique, le projet s’ouvre sur un équilibre entre rigueur et liberté, entre mémoire et innovation, entre héritage visuel ancien et création contemporaine. Sur le plan humain, il pose une question douloureuse à propos de notre présent : celle des valeurs perdues et des blessures qui marquent nos terres aujourd’hui. Car l’exposition, même en tant que cri silencieux, ne se sépare pas de l’écho des crises actuelles, notamment la tragédie de Gaza, qui rappelle la fragilité de notre humanité et la nécessité de retrouver son essence.
Terre spirituelle est à la fois une confrontation et une prière, une réponse artistique face à un monde blessé. C’est une invitation à contempler l’homme dans sa vulnérabilité, mais aussi dans sa capacité d’espérance et de renouveau.
Dans le texte de l’artiste accompagnant l’exposition, intitulé Terre spirituelle – Esthétique de la mémoire et de la résistance, nous lisons :
« Quand la lumière faiblit et que l’obscurité envahit l’horizon, nous prêtons l’oreille à l’écho des âmes fragiles qui s’éteignent en silence.
Et lorsque la terre est violée, que les équilibres de la nature sont rompus, que les valeurs sombrent dans le déluge du chaos et que notre monde vacille, nous nous accrochons aux dernières lueurs encore vivantes en nous.
Nous partons à la recherche des symboles que l’humanité a façonnés à travers les âges, en défense de son essence face à la violence et à l’effondrement… «
Palais Kheireddine – La Ville de Tunis au rez-de -chaussée.
Exposition ouverte au public du 3 au 30 octobre 2025.



