Certaines personnes s’attachent à un pays qui n’est pas celui où elles sont nées et ont grandi. Elles en font leur maison, leur port d’attache. Elles s’attachent à ce pays au point de parfaitement parler sa langue et vivent au plus près de sa population.
Nous avons été invités aujourd’hui dans l’univers d’un italien, tunisien d’adoption depuis plus d’une vingtaine d’années, Marino. Issu d’une famille d’entrepreneurs et d’industriels italiens, l’homme a travaillé pendant plus de dix ans dans une maison d’édition dans le secteur de l’architecture et du design à Milan. Il choisit la Tunisie pour sa qualité de vie et devient homme d’affaire en s’y installant.
Ce qui nous interpelle chez lui c’est sa parfaite maîtrise du tunisien. Il parle sans accent, maîtrise les expressions et les jeux de mots. Un italien de Tunisie ou un tunisien d’origine italienne, on ne saurait dire. Il est totalement intégré dans son nouveau pays. Et dans son chez lui, dans ce quartier de Gammarth, la Tunisie est omniprésente. La porte d’entrée est typiquement tunisienne, blanche, cloutée, elle reprend les motifs traditionnels et nous permet d’accéder à un univers oû prédomine le noir.
La maison est claire, blanche, baignée de lumière naturelle mais, comme un fil conducteur, le noir nous guide.
Dans le salon, jouant avec un camaïeu de gris, Marino a voulu un espace simple, sans fioritures oû l’essentiel triomphe. Au dessus de la cheminée, une photographie prise lors de la révolution, nous rappelle, si besoin est, de son attachement à la Tunisie.
En face, autour de la table basse conçue par le propriétaire avec des carreaux de céramiques de récupération, il a disposé de beaux livres, des souvenirs, une collection de vases sculptures du célèbre Franco Pozzi imaginées par Pierre Cardin datant de 1968 et d’énigmatiques boules en verre chinées. Autour, les fauteuils ont aussi été chinés. Au mur, une série de litographies du peintre italien Arturo Bonfanti datant également des années 70, clos cet espace.
Pièce maîtresse dans ce salon, un buffet des années quarante acheté pour une bouchée de pain dans une brocante à Tunis et customisé en noir accueille aussi des sculptures des années 70 en céramique et une sculpture en fer de Bonfanti.
Dans la cuisine blanche, ce qui interpelle c’est la série de cages de sidi bou saïd disposées au dessus des meubles, et peintes, bien-sûr en noir. Dans la salle à manger attenante, notre hôte a eu la gentillesse de nous dresser une table de fête, et là aussi, le noir est à l’honneur, en assiettes, en verres à pieds ou en bougies, il permet d’harmoniser un espace.
A l’étage, les chambres ont totalement été décorées par le propriétaire, on y retrouve son univers. Dans la chambre principale, au dessus du lit, des œuvres d’Urano Palma, artiste italien des années 70 qui a beaucoup travaillé avec le plastique thermoformé, donnent le ton à cette pièce en monochrome de gris et de noirs. Seuls le tapis berbère et l’iconique téléphone suédois Ericofon des années 70, rouges tous les deux, se détachent dans ce décor. Dans la suite, la salle de bain imaginée par Marino est singulière, en céramique bleue et blanche et marbre gris foussena.
Les deux chambres d’amis, elles ont un décor différent, plus oriental. Toujours avec cette prédilection pour le gris, le propriétaire a préféré peindre le mur de tête de lit avec de larges bandes pour le différencier du reste de la pièce. Dans la première, un lustre marocain coloré confére à la chambre une ambiance de douce rêverie. Dans la seconde, les années 70 et l’orient dialoguent. La tête de lit est insérée dans un encadrement fait de stuc sculpté, en face des tableaux orientalistes sont posés sur un buffet chiné et peint en noir, pour parfaire ce mélange une lampe Pilola en plastique acrilyque des designers italiens Casati et Ponzio créée en 1968.
Partout dans cette maison singulière, dialoguent les deux passions de Marino, la Tunisie et son patrimoine culturel, et l’art et le design européen des années 70. Un mélange étonnant, déroutant, mais pourtant étrangement harmonieux, une maison à l’image de son propriétaire.
Texte : Emna Touiti – Photos : Vincenzo Magnani
Article paru dans iddéco n°31 – Octobre 2016
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