Il a été abandonné, déserté, oublié, malmené. Frappé de désamour, le cœur de la cité s’étiolait, envahi par les commerces anarchiques, ses façades jadis nobles défigurées, ses architectures déstructurées. Et puis il y a eu comme un frémissement. Dans un périmètre où l’on pensait ne plus pouvoir accéder du fait d’une circulation frénétique, de rues de plus en plus étroites, de stationnements sauvages, on a vu l’art et la culture essayer une percée. C’est par là que tout commence, on le sait bien. Il fallait montrer que tout ne se cantonnait pas à la banlieue où à la médina. Un ciné-théâtre, El Hamra, a été pionnier avec l’Etoile du Nord. Et même si du fait du corona, on y donne peu de spectacles, on y dispense des formations. Et ils ont montré que c’était possible.
Puis il y a eu « Le Central », cet espace d’art contemporain ouvert en plein milieu de l’avenue de Carthage, offrant lieux d’exposition mais aussi de travail et de convivialité. Etendant ses activités, il investissait un ancien dépôt de pneus Michelin pour en faire un nouvel espace, dans la très peu artistique, à ce jour, rue Ben Ghedahem. Quelques blocs plus loin, dans cette même rue qui n’en revient pas elle-même de sa nouvelle vocation, le 32 Bis entr’ouvrait ses portes pour une magnifique exposition de photos et une série d’évènements autour du soufisme. Cet espace sera le fleuron de l’activité artistique du cœur de la ville. On nous annonce : 4000 mètres carrés répartis sur 4 étages, entre deux blocs qu’une architecture intelligente a fait communiquer, les restaurant tout en gardant l’âme et les spécificités de ces bâtiments industriels. Là, on trouvera des espaces d’exposition, des ateliers et des résidences d’artistes, une médiathèque…


« Wird », l’évènement soufi qui inaugure cet espace, le place certainement sous de bons augures.
Mais le voisinage réserve également des surprises.
Juste au coin de la rue du 18 janvier, une école de D.Jettes, « La Fabrique » attire de nombreuses jeunes. Un peu plus loin, « Debou », un studio d’enregistrement de musique—Erkez hiphop—de musique rapp et de mezoued electro, bat le pouls de la cité. Debou abrite également un atelier de graffiti, très populaire dans le quartier à cause de la forte consommation de bombes de peinture qui a relancé ce commerce.
Le frémissement est devenu battement rythmé. Le cœur de la ville s’ébroue et se découvre une vocation qui pourrait être artistique. On parle de faire des abattoirs une plate- forme d’art contemporain. Un peu plus bas, l’Artisto, théâtre de poche, affiche régulièrement guichets fermés. Plus bas encore, la galerie Antinéa, une des rares galeries de la capitale, toutes les autres ayant émigré en banlieue, occupe un ancien garage Citroen.
Alors oui, on a envie d’y croire. Tunis redeviendra peut-être une ville où l’art et la culture ont leur place.
Texte : Alya Hamza – Photos : Nicolas Fauqué
Article paru dans iddéco n°48 (mars 2022), vous pouvez le commander ou vous abonner en ligne : https://iddeco.info/iddeco-n48/

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