La porte souvent close, intrigue et éveille la curiosité. À la configuration des lieux, à l’architecture de la façade, au superbe panneau kallaline qui l’ornemente, on devine un lieu privilégié, un de ceux pour lesquels il faut montrer patte blanche pour accéder.
Atyqua, au pied de la colline de Sidi Bou Saïd, est un espace difficile à définir : magasin d’antiquités ? Oui, certes, mais on n’y vend rien. Petit musée d’art Islamique ? Certainement, mais pas seulement, car on y trouve aussi des coups de cœur, des digressions, des diversions, des engouements. Galerie d’art ? Il y est très présent ? Encore que fort sélectif…. Disons plutôt que c’est un espace conçu pour le plaisir de celle qui l’a créé, Essia Hamdi, où cette galeriste bien connue a réuni tout ce qu’elle aimait, les collections d’une vie, dont elle a beaucoup de mal à se défaire.
Le lieu en lui-même est déjà remarquable : au fond d’une petite place, au pied de la colline sacrée, cet antre de bon goût surprend par une architecture particulière : l’espace se structure autour d’un bloc suspendu, gainé de cuir de couleur pourpre, cerné d’une niche qui allège ce monolithe, et accueille de précieuses collections : verres soufflés, opalines, cristaux taillés, venus de Murano, de Bohême, de Beykoz, dans les cales des navires, sur le dos des caravanes ou dans les fontes des cavaliers, il y a de cela bien longtemps. Tout autour, quelques meubles rares, délicats, qui tous racontent une histoire : des tables de Thora de cuivre ciselé, aérienne de finesse, des sellettes de nacre et d’écaille de tortue, ayant probablement appartenu à une princesse ottomane, des tables du Rajasthan, des bibliothèques de mosquées, des coffres sculptés de versets de Coran, des lustres aux tulipes d’opaline, des secrétaires aux multiples secrets, et des poufs profonds sur lesquels on s’installerait volontiers pour écouter indifféremment intrigues et épopées….
Et puis partout, pourvu que l’on ait l’œil fureteur et la curiosité en éveil, des écritoires de bronze et d’argent, des coffrets de mariées aux tiroirs multiples, des tissages de brocards, des miroirs au tain dépoli qui reflètent encore des passions de légende et des drames oubliés.
Atyqua est certes un lieu où il est difficile d’entrer, mais il est encore plus difficile d’en sortir.
Texte : Alya Hamza – Photos © Vincenzo Magnani
Article paru dans iddéco n°33 – juin 2017
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