Avec poésie, audace, sincérité et talent, Samir Makhlouf enchante par l’étendue de son imaginaire et par son anticonformisme. Il est un de ces artistes défricheurs, visionnaires qui ne craignent pas de se risquer dans des sentiers inconnus et un de ceux qui possèdent le tact des grands.
L’artiste tunisien Samir Makhlouf né en 1964 à Tunis d’une mère d’origine yougoslave et d’un père tunisien originaire des îles Kerkhenah, est un artiste original et polyvalent qui est à la fois enseignant d’architecture, poète et romancier. Il est particulier parce qu’il peint d’après des théories qu’il perçoit lors de ses investigations de l’espace visible et invisible, puis qu’il développe et expérimente dans sa pratique picturale. En d’autres termes il peint ce que ses recherches et visions personnelles viennent lui révéler comme vérités sensitives enfouies, mêlé à une fraîcheur du regard comme si c’est vu à travers les yeux d’un enfant curieux et émerveillé.
D’une humilité déconcertante, Samir Makhlouf offre le modèle de l’artiste idéal qui ne cherche ni les prix, ni la célébrité ni l’enrichissement ; son point de mire est l’exploration et l’évasion au-delà du connu. Avec cet artiste pluriel, le champ visuel et les règles qui régissent le sensible et l’invisible n’ont pas de mystères pour lui. Un imaginaire édifié pierre par pierre depuis le début, voilà il y a trois décennies où les valeurs de la recherche et du dépassement constituent la pierre angulaire et la base de ce qu’il applique dans sa pratique picturale.
En somme, sa peinture est le fruit de recherches qui mêlent la science, le dessin, les mathématiques, l’architecture, l’onirisme, … l’alchimie.
La palette de Samir Makhlouf est claire. Elle est constituée de couleurs pures, de couleurs lavées, de gris colorés et de contraste de matière. Cette palette fraîche, gaie, tendre et lumineuse se dresse dans des figures de fleurs, d’animaux surnaturels, de minuscules maisons ou d’ensemble de building et dont les dimensions basculent du petit au gigantesque.
Les tableaux qui s’offrent à notre ressenti, nous font évader loin du monde ici-bas, un monde constitué de nature. Les animaux, l’architecture et les plantes qui meublent l’espace de ses grandes toiles ont des dimensions de grands ventres enceints de rêve et d’émerveillement. Ces plages de couleurs à texture éblouissent, parce qu’elles remplissent l’écran de nos yeux et nous font ressentir la vie plus légère, paisible et sereine.
Paradoxalement, l’imaginaire de Samir Makhlouf ne nous fait pas évader loin de notre humanité, il est cet imaginaire qu’on pourrait qualifier de matériel, un imaginaire humanisé.
La matière acrylique travaillée sur la toile possède un aspect vivant, palpable dans les différentes textures produites sur la toile. C’est une picturalité à portée de notre vue et de nos autres quatre sens. La prédominance de ce phénomène dans les œuvres en général de Samir Makhlouf concourt à rendre sa peinture d’une vivacité attrayante et d’une présence matérielle presque épidermique.
Texte : Amel Bouslama
Article paru dans Archibat n°63 – Février 2025, vous pouvez le commander ou vous abonner en ligne : https://archibat.info/shop/
