Le samedi 8 février a été inaugurée l’exposition Récit d’un trèfle de Rachida Amara à la galerie Kalysté. Une exposition structurée en trois temps. Trois états d’âme. Trois souffles de vie. Trois pétales d’un trèfle qu’on égrène pour suggérer l’indicible et éveiller l’inouï.
Avec trois techniques différentes – les dessins en sanguine, les gravures en linoléum et les bas-reliefs en cuivre -, Rachida Amara initie un nouveau voyage. Laissant derrière elle la complexité d’une Odyssée riche en aventures et en péripéties, avec tous ses artifices et ses sophistications, l’artiste se lance dans un nouveau périple intime et précieux.
Cette intimité se révèle à travers des lignes qui se dessinent avec une fluidité naturelle pour former deux corps qui s’enlacent, se lovent et s’entrelacent. Deux corps qui s’imbriquent, se superposent et s’emboîtent en toute liberté ne formant plus qu’une seule entité. Deux corps sans chair qui arborent l’essentiel : amour et passion.
Le crayon est libre et léger. Tantôt rouge sanguine, tantôt noir. Le geste est spontané, sans contrainte. Il suit la danse orchestrée par le couple qui semble suspendu entre ciel et songe.
La danse s’éternise, les mouvements se renouvellent, le couple se réinvente, l’artiste semble agencer une mise en scène. Comme le photographe qui laisse son objectif effleurer les instants éphémères en prenant une rafale de photos, Rachida Amara déploie la même subtilité pour saisir l’écho des instants furtifs, des fragments filmiques esquissés qu’elle compose avec délicatesse.
Mais on aurait tort de croire que l’essence du désir et les ardeurs charnelles accaparent toute la portée de l’œuvre. La légèreté et la fluidité des gestes, le dépouillement et l’épurement semblent suivre une démarche introspective libératrice que l’artiste atteint avec la maturité. En témoigne ce personnage solitaire et pensif plongé dans les méandres de son propre esprit.
Il advient de croire que la simplicité des lignes émane paradoxalement d’un regard profond sur soi, une manière de se débarrasser des artifices pour se focaliser sur l’essentiel. Un cheminement digne d’une quête spirituelle vers la lumière intérieure, vers l’Odyssée de l’âme loin des vertiges superficiels de notre existence.
Texte : Amira Zili